Sur les routes de Ouaga

Article : Sur les routes de Ouaga
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9 mars 2013

Sur les routes de Ouaga

Faire de la moto à Ouagadougou, ce n’est pas dangereux, c’est suicidaire. Néanmoins, c’est le moyen de transport principal du pays. Environ 70% des véhicules sont des motos. Comme la plupart des Burkinabè, j’ai donc enfourché mon deux roues.

Ouagadougou (Mars 2012)Ouagadougou. Une ville de plus d’un million d’habitants. Tous les jours y transitent des milliers de moto sur les zones goudronnées.

La moto, c’est un moyen de transport pratique: elle permet d’éviter les nombreux embouteillages, elle est tout-terrain et coûte moins cher qu’une voiture – d’autant plus qu’on peut transporter le même nombre de passagers.

J’ai néanmoins détecté quelques points faibles à ce moyen de transport. A l’air libre, tout motocycliste ingère la pollution environnante. Et, à Ouaga, elle n’est pas des moindres. Nombre de mes collègues de route ont trouvé une solution ingénieuse: faute de masque « à la chinoise », ils placent un cache-yeux – comme ceux que l’on distribue dans les avions – sur leur bouche.

Mais la pollution est loin de constituer l’unique inconvénient recensé. En route…

– « Un conducteur fantôme circule actuellement sur la route allant de la Patte d’oie vers le Village artisanal. »

Aujourd’hui, comme souvent, la capitale est embouteillée. Après quelques minutes de trajet, je rencontre un automobiliste quelque peu pressé, qui décide de prendre la route à contre-sens. Outre de risquer ma vie et celle de mes compagnons de route, cet acte lui permet d’éviter un rond-point bondé.

Il est officiellement en infraction, mais mes confrères burkinabè l’admettent sans souci. Je fais donc de même.

Continuons l’aventure. J’emprunte désormais l’échangeur.

– « Attention: un cycliste est arrêté dans le tournant de l’échangeur. Il tente de récupérer ses tongs, qu’il a semées en pédalant. »

L’échangeur équivaut à l’autoroute burkinabè. Il existe depuis peu. 2008, exactement. Tout véhicule y a accès, du camion ultra-chargé au vélo aux roues voilées. Le plus rapide serpente parmi les plus lents. Généralement, je fais partie des escargots. Aujourd’hui, je m’intègre dans le premier groupe. L’avantage du slalom, c’est que le parcours semble plus court. Je prends plus garde à ne pas frôler les autres qu’à analyser le chemin qu’il me reste à effectuer.

– « Chers conducteurs, soyez vigilants et restez conviviaux. »

Sur l’échangeur ou ailleurs, il existe une activité ludique que je pratique régulièrement, notamment aujourd’hui: la discussion avec mon voisin de route.

Ainsi, je le salue, je lui demande comment va la famille, les amis, le quartier, etc. Mais, surtout, je lui demande ma route. Je ne dispose pas encore de carte de la capitale. C’est donc une de mes astuces pour retrouver mon logement.

– « C’est la fin de cet inforoute. »

La fin de mon périple, aussi. L’heure, pour moi, de ranger ma moto dans mon salon, où elle passera la nuit.

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