21 septembre 2012

Mondoblogueuse

Depuis ce matin, je fais partie des 150 blogueurs sélectionnés pour la seconde saison du projet Mondoblog.

Mondoblog, c’est une « plateforme qui regroupe des blogueurs francophones sélectionnés par un concours initié par l’Atelier des Médias de Radio France Internationale« . Pendant six mois, je serai formée à distance pour développer mon blog.

Kinshasa (2010)
Kinshasa (Juillet 2010)

Pour participer au concours, il fallait écrire une histoire courte. La voici…

Elle s’appelait Sarah

En 2010, j’ai passé six semaines à Kinshasa, en République démocratique du Congo. Sur place, j’ai logé chez une famille que je connaissais indirectement. C’était une famille riche. Comme tant de foyers africains, y vivaient beaucoup de monde: Papa et Mama, la sœur de Mama, une nonne, les aides ménagères et les gardiens. C’était l’été. Papa et Mama accueillaient donc en outre trois jeunes pensionnaires; des enfants de la famille. Parmi eux, Sarah.

Sarah avait cinq ans et une bonne bouille. Pas timide pour un sou, un peu turbulente. Tout de suite, le courant est passé entre elle et moi. Les premières heures, elle m’a observé d’un air curieux. Ensuite, elle m’a parlé dans un français plutôt bon, comparé aux autres enfants de la maison. Par signe de sympathie, je lui ai donné l’un de mes surligneurs, avec lesquels je mettais en évidence les passages importants de mes livres. A peine lui avais-je offert qu’elle était accusée d’avoir dérobé mon marqueur. Mes démentis n’y faisaient rien. C’est la première punition à laquelle j’ai assisté.

Au fil des jours, j’ai compris que le foyer ne supportait plus les bêtises de Sarah. Mama m’a décrit le comportement ingérable de la petite. Aucune concentration. Jamais calme. Toujours en quête d’attention. Elle s’introduisait aussi dans la chambre de la nonne pour y découper ses habits. Cette insolence me faisait sourire. Mama, elle, ne rigolait pas du tout.

Sarah était ici car sa mère ne parvenait pas à s’occuper d’elle pendant les vacances. A la maison, elle se faisait battre. Elle passait l’été chez Mama pour calmer ses ardeurs. Pour reposer son entourage direct, aussi. Visiblement, Sarah n’était pas plus sage ici qu’ailleurs. Elle était donc constamment punie, recluse dans une pièce munie de fenêtres sans vitre à côté du jardin. On l’entendait pleurer à chaudes larmes.

Un jour, Sarah a disparu. Mama et la nonne m’ont dit qu’elles l’avaient envoyé en camp de vacances. Au début, je les ai cru. Après deux semaines, j’ai commencé à avoir des doutes. Je les entendais parler de Sarah en lingala, mais je ne comprenais que quelques mots. Finalement, j’ai appris que Sarah n’était pas en colonie de vacances. Elle était chez un désensorceleur.

Jusqu’à la fin de mon séjour, parler de Sarah est devenu tabou. Je ne l’ai plus jamais revue…

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